mardi 17 avril 2012

Voyage scolaire en Alsace (2/2)

Au matin du deuxième jour, nous quittons l'auberge de jeunesse pour nous rendre à pieds dans le centre historique de la ville. Parcourir les rues de Strasbourg en escortant près de quatre-vingt adolescents n'est pas une mince affaire. Nous parvenons tant bien que mal à mener ce défilé jusqu'à la petite France.






 Là, nous observons le passage d'un bateau par l'écluse puis nous arpentons les rues piétonnes afin de rejoindre la cathédrale où nous laissons un quartier libre aux élèves.








Après ces quelques moments de temps libres, tant pour les jeunes que pour nous autres, nous reprenons le chemin en direction des bus qui nous attendent place de l'Etoile puis partons en direction d'un endroit bien moins charmant, situés dans les Vosges à proximité.

       


Le "KL-Natweiller", ou camp de concentration de Natweiler-Struthof, était le seul camp de concentration présent sur le territoire français et y fut ouvert par les nazis le 1er mai 1941. Ainsi, bien que de taille "modeste", près de 22 000 déportés ont perdu la vie sur ces lieux entre 1941 et 1945.





L'atmosphère dans le camp est lourde. Chaque détail laisse imaginer l'horreur dont ces lieux ont été témoins. Les élèves n'y sont pas insensibles, en particulier quand nous approchons du four crématoire situé en bas du camp. Notre présence ici est l'occasion de les sensibiliser sur les raisons de ce qu'il s'est passé ici, sur la monstruosité des actes qui s'y sont déroulés. En effet, on a souvent trop vite fait de considérer, voire de caricaturer, les nazis comme des monstres inhumains et d'oublier que tout cela n'aurait pu se dérouler sans le "soutien" d'un peuple formé d'individus comme vous et moi, ce qui, dans le fond, est le plus effrayant. Le devoir de souvenir, c'est aussi essayer de comprendre comment le régime nazi a pu se mettre en place grâce à la voix du peuple, de comprendre comment tant d'individus ont pu soutenir une aussi terrible idéologie qui prit tellement d'ampleur qu'elle se développa en économie et industrie de la mort organisée, de prendre conscience de la véritable horreur de ce scénario.
Les monstres dans les fictions sont le plus souvent des individus isolés aliénés, psychopathes, ou des créatures inhumaines ou ayant perdu leur humanité. Mais que penser d'un peuple entier qui permet l'accès au pouvoir d'un parti qui mènera en seulement quelques années un génocide d'une telle ampleur.  Ces citoyens étaient-il plus bêtes ou plus haineux que nous ? Avaient-il connaissance de la réalité de cette guerre ?

"C'est comme si j'étais en colère contre l'enfant que j'étais, contre cette petite chose puérile, comme si je n'arrivais pas à lui pardonner de ne pas avoir reconnu à temps le visage de l'horreur, le monstre."

C'est finalement un message à l'image de ces premières paroles du film "La Chute" (der Untergang de Oliver Hirschbiegel) qui m'occupe l'esprit lors de la visite : ce monstre n'aurait pu exister si tout un peuple ne s'était, d'une certaine manière, laissé embarqué par sa folie. Aussi, appartient-il à chacun de reconnaître les germes de la haine avant que de tels monstres ne naissent et prennent pouvoir.














lundi 16 avril 2012

Voyage scolaire en Alsace (1/2)


Lundi 16 avril 2012, à 6h30, deux bus quittent le collège Olivier de la Marche de Saint Martin en Bresse avec à leur bord 73 élèves de troisièmes et six accompagnateurs à moitié parfait car seulement six (douze étant le nombre parfait comme chacun se doit de le savoir). Ils prennent la route de l'Alsace pour une excursion de deux jours.







Après un voyage sans histoire, le groupe arrive à Strasbourg aux environs de 11h30 et se rend dans le parc de l'Orangerie pour pique-niquer avant d'aller visiter le Parlement européen. Bien que la météo ne soit guère clémente, nous apprécions, les élèves comme les professeurs, la présence des nombreuses cigognes qui nichent dans le parc. Après ce moment de détente, nous franchissons l'Ill afin de nous rendre vers l'immense bâtiment de verre qui abrite le Parlement.
















L'architecture du bâtiment, extérieure comme intérieure est impressionnante. Nous pénétrons dans celui-ci, passons le portique de sécurité et faisons la rencontre de notre guide. Celui-ci nous mène à travers les couloirs lumineux du Parlement jusqu'à un hall où se trouve un grand drapeau de l'Europe ainsi que chacun des 27 drapeaux des pays membres. Il y a là aussi une maquette du bâtiment. 





Le guide nous fait un résumé de l'architecture du Parlement et de l'organisation de l'institution avant de se tourner vers les drapeaux. 





Il demande alors aux élèves s'ils savent pourquoi il y a douze étoiles sur le drapeau et leur (nous) apprend que c'est parce qu'il s'agit du nombre parfait (ce qui est une évidence étant donné que sigma12 = 2*12) puis désigne arbitrairement un élève pour aller lever successivement les 27 drapeaux afin de demander aux autres s'ils savent à quels pays ils appartiennent. 







Après cela, nous nous rendons dans une petite salle de réunion (où ont lieu des réunions). Là, notre guide prend la place d'honneur et se lance dans un discours qui, si l'une de ses collègues n'était pas intervenue pour lui demander de libérer la salle, nous aurait probablement tous achevé.









Heureusement, bien malgré lui, il nous mène au sommet de cette immense sphère  plaquée de chêne français (dixit le guide) et abritant l'hémicycle. 





Nous pénétrons alors dans ce haut lieu de l'institution européenne, totalement vide ce lundi de Pâques orthodoxe (la semaine de plénière commencerait demain mardi) mais particulièrement impressionnant.





L'hémicycle, comportant plusieurs centaines de sièges, est entouré d'une mur de lumière blanche presque surréaliste. Insérée dans celui-ci, les bureaux des interprètes des 23 langues parlées dans l'union. J'ai une petite pensée pour des amis qui m'avait un jour parlé de leur rêve d'accéder à de tels postes.











Nous prenons places dans une tribune réservée à la presse lors des séances parlementaires et notre guide reprends son discours. Je crains pour ma vie tant son débit incessant et sa manière de répéter six fois des affirmations qui sonnent creux irritent ma collègue qui commence à proférer à voix basse des menaces de défenestration à l'encontre de cet homme. Par ailleurs, le visage de plus en plus décomposé et les yeux exorbités de l'individu lors de son discours ne me rassurent guère.











J'essaie, afin de ne pas céder à la panique, de me concentrer sur l'organisation du lieu.

             



















Le guide parvient à la fin de son discours et nous quittons l'hémicycle. Nous rejoignons le rez-de-chaussée en empruntant l'escalier d'honneur, escalier à double révolution aux marches en marbres de Carrares...





Il est temps maintenant de rejoindre le bus pour se rendre à l'auberge de jeunesse en centre ville de Strasbourg. La journée n'est pas terminée car il faut encore gérer l'arrivée de nos 73 ados dans cet établissement. Heureusement, pas d'incident à déplorer, pas d'élève perdu et la possibilité de prendre une petite pause...



Il faut reprendre des forces, car demain nous allons parcourir les rues du centre ville avant de prendre la route pour un lieu bien moins joyeux : le camp de Natzwiller-Struthoff.