samedi 28 septembre 2013

Rencontre avec le Pacifique

7h15 ce matin, je monte dans un de ces anciens bus scolaires US qui font la liaison entre différentes villes du pays : direction Pochomil. 


Pochomil est une plage de la côte Pacifique située à environ 1h30 de bus de Managua. Le voyage est plutôt rapide donc, surtout pour moi qui vis sur la Carretera Sur (la route Panaméricaine) et n'ai donc pas à traverser toute la capitale pour me rendre sur la côte. J'en arrive ainsi à me demander pourquoi je n'ai pas pris ce bus plus tôt. Cela fait en effet aujourd'hui même deux mois que je suis ici et je n'avais auparavant jamais vu le Pacifique, ce maître des océans, situé de l'autre côté du globe par rapport à chez moi. Il faut dire que depuis que je suis arrivé, j'étais plus dans l'état d'esprit de prendre rapidement des repères, de tâcher de me sentir comme chez moi puis de m'investir dans mon travail, plutôt que dans l'esprit de l'explorateur, ce qui est bien dommage. Et puis, peut-être est-ce le fait que pour moi cet océan a toujours été une évocation littéraire lointaine, comme inaccessible et que, bien qu'habitant tout à côté de lui, j'avais toujours l'impression que de le rejoindre serait une épreuve longue et complexe, à ne pas prendre à la légère. Pourtant, la route n'est pas si longue..




Bref, j'ai donc pris le bus pour me rendre sur cette plage, l'une des plus faciles d'accès depuis Managua et des mieux équipées de la côte pacifique nicaraguayenne. Le voyage est rapide et peu onéreux (29 cordobas soit moins d'un euro). La route passe par le Crucero, une localité au sud de Managua, un peu sur les hauteurs (à près de 900m). Là, tout un groupe de personnes embarque avec des paniers remplis de bananes pour se rendre au marché de San Rafael del Sur, sur la route de Pochomil. La route se passe sans encombre. Nous parvenons à San Rafael, débarquons le chargement de bananes et continuons. Le bus arrive à une bifurcation : à droite, la route se rend à Masachapa, au localité sur la côté, et à gauche au Pochomil.


J'arrive enfin à destination. L'endroit est remplis d'installations proposant restauration, hamac et petite chambre à louer mais est presque vide. Il est encore tôt, pas encore neuf heures, la fréquentation du lieu augmentera légèrement dans la journée mais très peu : il y a plus de vendeurs ambulants, de pêcheur et de chevaux que de touristes sur cette plage aujourd'hui. Pourtant l'endroit est très sympathiques et de nombreuses activités y sont possibles : baignade, surf, promenade à cheval, pêche...


Après une petite promenade à pieds, jusqu'à la pointe sud de la plage, le temps de ramasser quelques coquillages, d'observer les grandes maisons construites aux bords du sable et de me griller le dos sous le soleil (pensez à emporter l'indice 50+ avec vous), je rencontre l'un de ces propriétaires de chevaux qui proposent des balades sur la plage. Dans un premier temps, je lui dis que je ne suis pas intéressé. Mais étant pratiquement le seul touriste de la plage, il n'est pas très occupé et reste à côté de moi pour discuter et me donne pas mal d'informations sur la plage. Il me mène notamment auprès d'une personnes louant des chambre dans un de ces restaurant : les pièces ne sont pas de tout conforts, petites et plutôt sombre et à la literie passable, mais pour une trentaine de dollars US, vous pouvez louer une pièce pour trois à quatre personnes. Une bonne idée pour passer le week-end complet ici et profiter du coucher de soleil. Il me mène ensuite à un autre restaurant en me conseillant de commander à l'avance si je veux manger : comme il n'y a personne aujourd'hui, les cuisinières ne préparent rien à l'avance. Je passe donc commande. Ayant trois quart d'heure à attendre, je demande à mon guide pour faire un petit tour à cheval. Il me propose la demi-heure à 70 cordobas. Nous remontons la plage dans l'autre direction , vers le nord, jusqu'à arriver en vue de Masachapa. Le meneur de chevaux me dit qu'il s'agit d'un village de pêcheurs, que l'on peut également s'y baigner mais que la plage est moins agréable car plus petite et jonchées des viscères de poissons vidés là par les pêcheurs. Il pointe alors la colonne de vautours qui tourne au-dessus du village pour appuyer son propos. L'image peut paraître un peu lugubre notamment avec en fond de toile en ancien quai de déchargement datant de la dictature, détruit par un ouragan et laissé en ruine depuis.



Nous retournons au restaurant et retrouvons les cuisinières en train de préparer le repas. Les installations sont assez sommaires aussi, quand je demande où je peux me laver les mains, on me fait entrer dans la cuisine et me donne une bassine d'eau. Rien d'exceptionnel, ce n'est pas la première fois que cela m'arrive. La cuisine est plutôt pittoresque et je demande aux cuisinières si elle veulent bien prendre la pose. Elle acceptent avec le sourire mais un peu intimidées visiblement : il faut dire que je leur ai annoncé que la photo serait visible sur le net et pourrait leur faire un peu de publicité.









Le repas est tout à fait plaisant, fin et copieux à la fois, et on appréciera tout particulièrement la présence d'un hamac à côté de chaque table pour digérer tranquillement en se laissant bercer par le son des vagues.











Bonne pêche : ici pas de canne,
un file de nilon et
une planche en bois suffisent
pour remonter le poisson depuis la plage

Une partie du butin récolté sur la plage de Pochomil



Rencontre un peu gonflée au bord de l'eau

La "Chela", féminin de chele, attend sagement devant le restaurant (Chele est réarrangement de leche qui veut dire lait pour désigner les blancs au Nicaragua. Le terme est un peu raciste mais couramment employé ici, sans mauvaise pensée, malgré qu'il puisse avoir une symbolique bien différente dans d'autres pays d'Amérique Latine).